Radio et podcast : un art du micro – Phonurgia Nova
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Radio et podcast : un art du micro

Radio et podcast : un art du micro

«  À la radio, il est courant d’entendre les meilleurs textes anéantis par une voix médiocre ou de découvrir un sens nouveau aux phrases les plus banales, de sorte qu’il faut bien penser que ce ne sont pas des textes que nous apporte la radio, mais un texte parlé, absolument concret, c’est-à-dire où la moindre intonation, le moindre accent, peut, non seulement déséquilibrer d’emblée l’ordonnance formelle de la phrase, mais changer le sens ou fausser l’intention. »

C’est ainsi que dans Essai sur la radio et le cinéma, en 1942, Schaeffer abordait la question toujours actuelle du rapport de la voix au micro, (cette “étrange cage à mouche” selon le mot de Cocteau).

Schaeffer y remarquait que « sur cent comédiens s’essayant au micro, […] il arrive qu’il n’en reste pas un seul, une fois débarrassé de son mannequin, qui nous touche ; pas un qui fasse apparaître au travers de sa voix, quelque ressource intérieure, une sensibilité profonde, une intelligence vraie ».

Ces réflexions sur les pouvoirs et les contraintes du micro trouvent une soudaine actualité à l’heure du podcast. « Nos oreilles se frayent avec avidité une voie vers ce qui sonne vrai » note Benjamin Abitan.

Dans le virage actuel vers l’audio, la fiction sonore est une fenêtre incomparable vers l’imaginaire. Les auteurs de podcasts s’inspirent de la tradition de la fiction radio pour maintenir une écoute audacieuse et aventureuse. Maintenant que les territoires du talk convivial et du story-telling sont défrichés, les auditeurs sont mûrs pour redécouvrir les friches sonores de la fiction. C’est un nouveau terrain de jeu qui s’offre au comédien. C’est à travers sa voix et la connaissance de son outil que les histoires continueront à se raconter.

Dans ce nouveau stage proposé par Benjamin Abitan (réalisateur à France Culture), il ne s’agira plus de se demander comment une voix va servir un texte, mais comment telle voix trouve à se réaliser dans un texte. La voix est première, elle précède et excède le texte. Le travail sur la voix formera un terrain quotidien d’expérimentation où chaque participant s’appropriera, par une succession d’exercices pratiques de difficultés croissantes, l’espace de sa voix microphonique. Un espace élastique, tendu par le pouvoir évocateur de la parole et des sons, sans aucune délimitation corporelle. Un espace sans commune mesure avec ceux du théâtre ou du cinéma, toujours attachés à la physique des corps.

Durant 4 jours denses, ce stage entraine des comédiennes et des comédiens à l’art de dire au micro, les prépare au livre audio, à la fiction radio en direct et au podcast. On y expérimente le pouvoir grossissant du micro, comparable à celui de la caméra et au gros plan au cinéma, qui ont modifié notre rapport à l’acteur en augmentant la dimension des visages à l’écran.  Mais surtout, on y explore l’art de creuser dans un texte un espace pour l’auditeur.