Le son pour raconter le monde ?
Le “son” à l’égal du cinéma, de la vidéo ou de la photographie ?
Le son comme l’un des beaux-arts ?
Ce qui semblait utopique hier, en peu d’années, est devenu réalité.
Depuis 35 ans, acteur et témoin de cette histoire, Phonurgia Nova accompagne l’émergence de “l’art sonore”, en soutenant les auteurs et autrices qui s’engagent dans une relation créative avec le sonore du monde, en publiant des ouvrages de pédagogie, en éditant les classiques de l’art radiophonique, en animant des Workshops, des rencontres et des écoutes publiques – et en nouant des collaborations multiples, tant avec des radios qu’avec des Musées ou des acteurs culturels de référence.
L’enjeu de ce travail de longue haleine ? Traiter les expressions audio sur un pied d’égalité avec les autres “arts de support” (cinéma, vidéo ou photographie) basés, eux aussi, sur l’enregistrement du réel, et permettre à un public plus large d’accoster à ces rivages surprenants où l’oreille se substitue à la fois à l’oeil et au toucher pour approcher le monde et les autres.
Vous avez dit : « art sonore » ?
L’appellation est relativement récente : elle a fait irruption d’abord en Allemagne dans les années 80’ (sous le terme de “Klang Kunst”) pour désigner des démarches situées au-delà de la musique, explorant les possibilités figuratives ou narratives propres du son, indépendamment de la condition ancillaire où le confinaient jusqu’alors le cinéma, le théâtre ou la musique.
Mais ses origines sont plus lointaines : elles plongent dans les avant-gardes du XXème siècle (Dadaïsme, Futurisme italien et russe) qui portèrent un intérêt inédit aux diverses manifestations sonores de la vie moderne. Parfois accueillis dans des lieux d’art contemporain (galeries ou musées) ou dans des émissions radiophoniques spécialisées, les « artistes sonores » sont eux-mêmes issus aujourd’hui du croisement de disciplines diverses (musique électronique, cinéma, sculpture, arts plastiques, art numérique), et bien sûr de la radiophonie. Cependant, quel que soit leur parcours, ayant digéré ces influences, ils empruntent des voies spécifiques, différentes de celles qu’explorent les musiciens : certains questionnent le son dans ses manifestations physiques (sa capacité à traduire ou à modeler l’espace ou encore à faire exister des espaces de toute pièce), d’autres l’utilisent comme outil réflexif sur la parole, le paysage, la mémoire ou la fiction. Avec eux, pareil à une caméra ou un stylo, le micro raconte le monde autant qu’il questionne nos perceptions. En nous permettant de toucher le son du doigt, ces promoteurs de “nouvelles écoutes” proposent une lecture inédite du monde et des autres.