Focus sur Sophie Berger

Un premier roman Banc de brume (que publie Gallimard), une rencontre à la Librairie Actes Sud (le 14 mars), deux œuvres radiophoniques en écoute tout au long des mois de mars et avril au Musée Réattu…  Sophie Berger, lauréate il y a dix ans du Prix découvertes Pierre Schaeffer, ouvre une nouvelle saison du Département d’art sonore du musée des beaux-arts d’Arles, au carrefour des écritures du sensible.
Deux mois pour nous replonger dans l’écoute de ses documentaires conçus comme des voyages sonores immersifs. “Tordons le cou à l’idée-reçue que l’on prendrait le son, c’est lui qui vous prend” énonce-t-elle avec une belle assurance, en parfait accord avec les propos de Knud Viktor, pionnier danois (et provençal) du Field recording dont elle croisa jadis la route, au moment de l’exposition “Chambre d’écho” conçue par Michèle Moutashar, conservatrice du Musée des beaux-arts, dont il était devenu l’un des héros.

La Chambre d’écoute accueille Cargo (2015, 55′), un voyage à écouter.

“J’ai embarqué sur un porte-conteneurs pour une rotation complète entre l’Europe et la Chine. Au port du Havre, j’ai éteint mon téléphone. Sur mon répondeur et ma boîte mail, j’ai laissé un message, ce ne serait pas la peine d’essayer de me joindre pendant trois mois. J’ai largué les amarres, quitté terre. À bord, j’ai vécu au rythme du porte-conteneurs et de ses hommes, au fil de ce tour du globe par les océans. À bord, j’étais là où j’étais, avec les vents, avec les océans, avec les conteneurs et les moteurs. J’ai essayé de capter cela avec mes micros. Cargo est un voyage à écouter.” SB

Le Balcon d’écoute (écoute sous casques, 1er étage, loggia), diffuse Loire

Au sortir de ses études à l’Ensatt à Lyon (département de conception sonore fondé par Daniel Deshays**) Sophie Berger entame sa quête d’une narration documentaire immersive : ce sera Loire,  une marche le long du fleuve avec ses micros, de la source à l’embouchure. Loire a été récompensé en 2013 par un Prix découvertes Pierre Schaeffer dans le cadre des « phonurgia nova awards ».

“Un jour, j’ai su qu’il fallait que je prenne la route. J’avais 26 ans, je n’avais jamais fait cela, et je ne savais pas ce que j’allais trouver. Je savais juste qu’il fallait que je le fasse. Il fallait que je prenne la route. Ce n’était pas raisonné, ce n’était pas raisonnable, mais je n’avais pas le choix. C’était une urgence. Ca hurlait en moi “prends la route avec tes micros”. Je me suis organisée pour avoir du temps, et dès que j’ai pu : je suis partie. C’était encore l’hiver. J’avais choisi la Loire pour fil d’Ariane. La descendre, de la source à l’estuaire, 1000 km à pied, pour rejoindre la ville où je l’avais vue couler étant gamine – Nantes.” SB

RENCONTRE – Dédicace / 14 mars / 17h30 / Librairie Actes Sud / entrée libre

Autour de Banc de brume, son premier roman publié chez Gallimard. Une réflexion sur la famille, le silence qui perfore la mémoire, les non-dits, l’absence de transmission intergénérationnelle, la brume qui s’installe et les destins emmêlés.

« Traquer tout ce qui émerge du silence. Chercher dans toutes les directions. Dans le pli des années. Dans l’opacité d’une histoire de brouillard. En imaginant les pièces manquantes. En cherchant leur agencement. (…) Aller au bout de l’histoire. Qu’on me la raconte enfin. Maintenant. Parfois, je trouve une pièce tangible. Parfois, je crois que le banc de brume se dissipe un instant. » Banc de brume, p. 93

«  10 ans de mon expérience et ma passion pour le son ont nourri l’écriture de Banc de brume. 10 ans à enregistrer partout, en tous temps, des chemins de Loire aux cales d’un Cargo. De Kerguelen à l’île de Pâques. À inventer l’atmosphère sonore d’une fiction dans le noir des théâtres, en élaborer la dramaturgie secrète. À écrire le son. Vraiment écrire. Que ce soit pour des casques, des téléphones à cadran, VHF de navire, diffusions de grandes salles, ou l’intimité des ondes de la radio. Pour sonder le silence, j’ai dû lâcher les micros. Il m’a fallu les mots. »  SB

Banc de brume est disponible dans toutes les bonnes librairies.

RENCONTRE – Syntaxe sonore / 27 mars / 18h00 / Musée Réattu, entrée libre

Autour de ses récentes créations documentaires. Une rencontre animée par Daniel Rouvier, conservateur du Musée et l’équipe des médiatrices du service des publics.

Dans la presse

Sophie Berger dans Télérama
Banc de brume dans Le Figaro

* Décerné annuellement, le Prix découvertes Pierre Schaeffer récompense, au sein des phonurgia nova awards, le travail d’une autrice ou d’un auteur de moins de 30 ans, frayant une voie nouvelle dans l’océan des possibles sonores.
** Ingénieur du son, réalisateur sonore, essayiste et professeur des universités, auteur de nombreux ouvrages et essais sur le sujet, Daniel Deshays est associé à la conception du Département d’art sonore (DAS) du Musée Réattu d’Arles et membre de son comité scientifique.

NB. Sophie Berger anime, alternativement à Arles et Dinard, un stage de perfectionnement à la prise de son : ” La prise de son comme acte d’écriture”. Pour en savoir plus