Banc de brume, un roman de Sophie Berger

Comment mieux commencer l’année qu’en plongeant dans le premier roman de Sophie Berger, sorti la semaine dernière chez Gallimard. C’est un récit puissant, inspirant et aspirant, d’une grande profondeur psychologique et maîtrise romanesque, dont nous recommandons chaleureusement la lecture. A travers une infinie attention aux détails du réel (y compris au réel sonore, ce qui n’est pas si courant dans la littérature contemporaine) elle y traite de manière vertigineuse de la question de nos destinées, destinations… (de cette incroyable chambre d’écho proliférante qu’est toute existence). Tout en réglant définitivement son compte à l’idée reçue que l’on prendrait le son : “c’est lui qui vous prend” énonce-t-elle, en accord avec  Knud Viktor qui, lui aussi, mettait en garde ceux qui, à sa suite, se passionnent pour l’infinitésimal sonore. “Quand on commence à écouter on ne peut plus se débrancher” disait-il. La sortie de ce premier roman, dont le silence familial est la source irradiante, est donc bonne occasion pour nous replonger dans l’écoute des documentaires sonores très personnels, entrecroisant journal et fiction, dans lesquels la jeune romancière se livrait déjà avec pudeur. Notamment Loire qui lui valut il y a pile 10 ans, un Prix découvertes Pierre Schaeffer attribué à des auteurs de moins de 30 ans frayant une voie nouvelle dans l’océan des possibles sonores. Et évidemment Cargo plébiscité par de nombreux festivals et par tous ceux qu’attirent les voyages au long cours, le murmure des vagues, le silence de la mer et le bruit des machines… La vie d’un livre est une aventure qui se déploie sans règles. Ami.e.s de l’écoute et de la littérature, hâtons la marche de ce livre qui a des oreilles vers ses lecteurs et lectrices !

Banc de brume, disponible dans toutes les bonnes librairies depuis le 11 janvier.

Sophie Berger enseigne aussi son art de la prise de son. Retrouvez-là en Bretagne, à Dinard, fin juillet.