Micro sensible
Léa Minod
Lorsque l’on tend un micro à une personne inconnue, lorsque l’on frappe à une porte au hasard, très souvent, l’autre répond « n’avoir rien à dire », avant de refermer la porte – ou la bouche. Comme s’il fallait toujours « avoir des choses à raconter » pour prendre la parole.
Une histoire de légitimité.
A laquelle s’ajoute bien sûr la peur de plus en plus prégnante du micro, objet médiatique, susceptible de transformer les mots, et leur sens.
Une histoire d’actualité.
Alors, comment faisons-nous, nous qui tendons le micro et l’oreille, pour donner confiance à l’autre, gratter l’ineffable, mettre en lumière ces petits riens qui ne se disent pas et tirer les fils d’un récit ? Comment fait-on pour respecter les mots de l’autre, oser creuser sans verser dans l’impudeur ?
Une histoire de responsabilité.
Et puis, une fois devant son ordinateur, comment faire de la parole confiée, un objet d’écoute ?
Retirer les commentaires, les scories, laisser apparaître les silences, et tisser le récit … faire de l’autre, non pas un « raconteur mais un conteur » pour reprendre les mots de Kriss, productrice radio.
Une histoire de beauté.
Objectifs pédagogiques
- apprendre à se comporter face à l’interviewé
- affirmer sa présence, trouver sa place
- apprendre à faire accepter le micro
- questionner sa pratique du tournage et réfléchir aux dispositifs d’enregistrement
- restituer la parole confiée et en faire un objet d’écoute
- acquérir des techniques pour l’écriture des micros et développer une narration personnelle
Déroulé
Jour 1 plongée dans la parole intime
Matin
1. Ecoute collective des sujets
2. Plonger dans l’intime
• Rappel des règles de base pour comprendre une histoire intime : connaître le contexte, faire émerger la trame narrative, donner à voir, entendre, sentir… imaginer (importance des descriptions, des petits détails)
• Rappel des techniques pour enregistrer une voix
Après-midi
3. écoute collective des témoignages recueillis
Cette écoute collective permet d’analyser à la fois la prise de son, et la force narrative de l’histoire recueillie.
4. Enregistrer de nouveau si besoin + écoute
Jour 2 : aller cueillir l’intime
Matin
Comment enregistrer lorsque rien n’est prévu ? pas de RDV, personne que l’on connaît, aucun cadre… il faut alors sortir ! Chercher les situations où l’on peut trouver des personnes disponibles. Dans un parc, sur un banc, après un cours de danse, …
Les participant.es vont donc déambuler dans la ville et trouver les personnes qui voudront bien s’ouvrir à leur micro.
Après-midi : initiation au dérushage
1. Rappel sur les outils et fonctionnalités de REAPER
2. plongée dans REAPER
Explication d’une méthode pour dérusher sur REAPER (créations de régions, utilisation des couleurs, outils de navigation … )
3. Derushage !
Jour 3 Monter la parole intime
Matin
petit point sur le montage : comment mettre en ordre, imaginer la trame narrative.
Présentation des attendus du montage
Faire disparaître le “je” du journaliste pour ne garder que la trame narrative racontée par la personne interviewée, condenser mais garder “ce qui parle”.
Quels choix faire dans le montage pour ne pas trahir l’autre et rendre ses mots “plus beaux”.. puisqu’il s’agit de cela en radio.
Retirer les commentaires, laisser apparaître les silences, faire jaillir la beauté des paroles de celles ou celui qui nous les ont confiées. “Monter c’est extraire du récit touffu d’un individu ce qui fera de lui non pas un raconteur mais un conteur.. ” (Kriss, sagesses d’une femme de radio)
Après-midi
Ecoute collective des montages réalisés sous l’angle du rythme donné à la parole
Jour 4 Finalisation
Matin
nourrir le récit par des sons – aller dehors ?!
Quels types de sons enregistrer pour l’habiller, tout en laissant la primauté au récit, à la parole intime ?
Recueillir des ambiances, ou aller les créer, produire des sons en situation, etc
constitution d’une banque sonore commune
Après-midi
habillage et mixage de son sujet à partir (uniquement) des sons enregistrés.
Régler les niveaux relatifs des différents éléments sonores et des différentes pistes, accorder à chaque son sa juste place dans l’espace stéréo.
Ecoute collective des pièces réalisées
Informations complémentaires
Public
Ouvert aux auteur.ice.s de podcast débutants ou avancés qui souhaitent s’approprier le langage et les techniques propres au micro sensible.
Pré-requis
Etre autonome en prise de son extérieure et montage (sous Reaper).
Au minimum avoir suivi notre module d’initiation à la réalisation sonore ou l’équivalent.
Approche pédagogique
Le formateur prend connaissance en amont des attentes et du parcours de chacun.e. La formation peut être ainsi modulée dans le respect du contenu pédagogique annoncé. – L’apprentissage par le « faire » est centrale : la formation pousse à l’extrême le principe de l’enseignement par la pratique et une dynamique participative avec la valorisation des retours d’expérience.
Evaluation
Entretien et évaluation individualisée à l’entrée en formation et à l’issue de la formation, permettent de mesurer les compétences acquises et la progression réalisée par chaque participant au regard de ses objectifs personnels. Une attestation individuelle de fin de formation, rappelant les objectifs visés, est remise à chacun. Un questionnaire d’évaluation qualitative du stage est rempli par chaque participant une semaine après la formation et analysé par l’équipe pédagogique. Les indicateurs relevés permettent d’améliorer le stage.
Admission en formation
Chaque candidat reçoit en amont de la formation un questionnaire d’auto-évaluation dans lequel il retrace son parcours et formule ses besoins. Nous nous assurons ainsi de l’adéquation de vos attentes avec les caractéristiques de la formation. Ce questionnaire d’autoévaluation est à solliciter et à retourner par mail (info@phonurgia.org) au minimum un mois avant le début de la formation.
Moyens pédagogiques
– Une équipe pédagogique composée d’un.e professionnel.le reconnu.e, et d’un.e assistant.e au-delà de 8 participants
– Une équipe logistique présente notamment pour faciliter les prises de sons (lieu, matériel, contacts…) et la vie du stage (repas, déplacements, hébergement, questions pratiques)
– Une bibliothèque d’ouvrages sur le son, l’écoute, les arts du son et de la radio et une importante phonothèque d’étude.
Moyens techniques
Nous mettons à disposition du matériel de prise de son, montage et mixage. Parmi lesquels : stations de montage MacBookPro et PC équipées du logiciel Reaper. Surfaces de contrôle Icon Plateforme M. Ecoutes monitoring : Cabasse Goelette, Yamaha HS8 MP ou Génélec 8040. Enregistreurs : Zoom H5 et Sounddevice MixPre 3. Casques : Beyerdynamic DT 770 Pro. Microphones : Beyer 88, Rode NT3, NT4, NT5, Shure SM58, AudioTechnica AT 825, AT 40415, AT 8022, Sennheiser MD 21. Schoeps CCM41 et CCM8. Perches, bonnettes, Rycote. Nous vous recommandons néanmoins de vous munir de vos propres équipements (casque, micros, enregistreur, ordinateur) si vous en possédez. Vous conserverez ainsi vos repères personnels, et pourrez en approfondir la maîtrise.
Intervenant
Léa Minod, est myope comme une taupe.
Alors le monde, elle a appris à le voir avec les oreilles. Productrice et reporter radio depuis 2008, elle tend son micro un peu partout (France Inter (ex l’Humeur Vagabonde, Les dernières fois… ), France Culture (Les Pieds sur terre, Sur les docks… ), France Musique (Violons d’Ingres), Arte Radio (c’est là qu’elle a commencé) Et aujourd’hui les podcasts… Elle aime commencer des conversations avec des inconnu.e.s, et se laisser porter par les mots des anonymes, qu’elle aime par dessus tout condenser.
Informations
Durée : 4 jours (28h)
Effectif : 8 participants maximumm
Etudiant : 400 euros
Individuel : 600 euros
Formation continue : 1 400 euros
Plus de renseignements sur ce stage
Par téléphone au 06 09 64 65 39
Par email : info@phonurgia.fr