La prise de son comme acte d’écriture
Sophie Berger
Contexte
L’écoute avec un microphone modifie notre façon d’entendre : grossissement des sinuosités d’une voix, modification de la perception du décor sonore, de ses détails et fonds. Le propos de l’atelier est de questionner et de déplier l’acte de « prendre le son », afin que cette étape cruciale de tout travail audio soit non seulement un moment techniquement maîtrisé, mais l’endroit d’un geste créatif.
Objectifs
- Raconter avec les sons : saisir le potentiel narratif de toute situation d’enregistrement,
- imaginer de nouvelles stratégies de captation,
- sortir des recettes apprises pour ré-interroger sa pratique là où elle en est,
- mettre la technique au service du propos
- apprendre à laisser le son se déployer (« faire parler le son ») et à déjouer la parole lisse (faire émerger “des voix qui racontent”)
- produire des situations sonores
- renforcer son écoute critique (évaluer son travail en fonction d’une vision globale),
- devenir auteur par la personnalisation de ses gestes de preneur de son,
- élargir son écoute
Contenu
En parlant d’écriture sonore on pense habituellement, à raison, aux temps particuliers du montage et du mixage où le récit s’élabore selon une grammaire propre. On interroge moins ce qui précède, le moment de la captation. Et quand on le fait, on se concentre sur le contenu « qui ou quoi ? » en passant rapidement sur le « comment ? » (au-delà du seul souci de conformité technique). Pourtant, réfléchir au protocole d’enregistrement (comment préparer ce moment ? quels choix explicites ou implicites s’engagent à travers lui ?) influe non seulement sur la matière que l’on va récolter, mais aussi sur la nature du récit qui pourra en découler.
Sophie Berger vous invite à échanger, discuter, analyser et pratiquer autour de ces questions et d’autres :
– Qu’est ce qu’une bonne prise de son ?
– Y a-t-il des recettes toutes faîtes ou faut-il réinventer à chaque fois le dispositif de captation ?
– Quels micros employer dans quelles situations ?
– Que faut-il récolter pendant le tournage ?
– Comment anticiper quelque chose qui n’a pas encore eu lieu ?
– Par quoi commencer ? Les lieux, les gens dans les lieux, la voix des gens ?
Déroulé
L’atelier alterne des temps collectifs d’écoute et d’analyse, et des temps individuels de prises de son, dans un aller-retour entre expérimentation et analyse critique.
La proposition est de partir des sensations d’écoutes pour tirer des fils de réflexion, (et non pas d’asséner des dogmes de prises de son). Toutes les situations de narration sonore seront examinées : enregistrement de paroles, captation d’ambiances ou de situations complexes et ce, en regard d’exemples variés, empruntés à différents champs sonores (création radiophonique bien sûr -documentaire et fiction – mais aussi bandes-son de spectacles, d’expositions, d’installations sonores….).
Chaque journée s’articulera autour d’un exercice différent. Le matin sera consacré à l’analyse de productions de créateurs sonores de référence. A partir de là, émergera une consigne de prise de son à expérimenter soi-même l’après-midi. Puis un temps sera réservé à l’écoute et l’analyse collective des enregistrements ainsi réalisés. L’implication de chacun dans les échanges quotidiens sera centrale.
Un temps d'expérimentation
Cette session se déroule sur 5 jours, pour permettre ainsi aux stagiaires de mettre en pratique les notions abordées, expérimenter les différents dispositifs et techniques d’enregistrement (en situation, en entretien, en studio, en extérieur, …).
Pour nourrir l’échange et le partage de savoir, et intervenir sur les enjeux concrets et personnels de chacun, les stagiaires sont invités à venir soit avec des prises de son qu’ils désirent soumettre en écoute et à la critique, soit avec leur prochain projet et les scènes d’enregistrement imaginées. Dérogeant au principe des stages Phonurgia Nova, cet atelier ne débouche pas sur une « réalisation finale », afin précisément de laisser toute sa place à l’échange et à l’expérimentation. Le dernier jour, un temps d’écoute est néanmoins ouvert à un petit public pour partager les questions abordées.
Informations complémentaires
Public
Ce stage est un module d’approfondissement. Il est ouvert en priorité à des praticiens qui souhaitent faire progresser leur compétence en création radiophonique et prise de son documentaire, et à tous ceux qui, (que ce soit dans le champ de la radio, du spectacle vivant, des expositions, ou des installations…) se confrontent à l’enregistrement comme acte d’écriture. A ce titre, il constitue une suite du module « initiation artistique et technique à la réalisation sonore » mais également un prolongement possible du workshop « Documentaire sonore de création ».
Pré-requis
Les bases techniques de la prise de son sont supposées acquises (ce qui n’interdira pas de revenir sur cet aspect).
Approche pédagogique
– La formatrice prend connaissance en amont des fiches d’auto-positionnement des stagiaires afin d’apprécier les attentes et le parcours professionnel de chacun. La formation peut être ainsi déclinée dans le respect du contenu pédagogique annoncé.
– L’apprentissage par le « faire » est valorisé par la réalisation d’exercices d’applications répondant aux compétences visées. La formation conduit et enrichit la créativité du stagiaire.
– La pédagogie repose sur une dynamique participative avec la valorisation des retours d’expérience des participants et des meilleures pratiques.
Evaluation
Au terme de la formation, les stagiaires réactivent les apports de la formation au regard des objectifs visés avec l’aide de la formatrice. Le stagiaire évalue la formation afin d’attester de son niveau de satisfaction et du degré d’acquisition de compétences. Les indicateurs relevés permettent d’améliorer le dispositif de formation.
Cette formation a un taux de satisfaction de 100% (taux de répondants 82% au 01/08/2024)
Admission en formation
Chaque candidat reçoit en amont un questionnaire d’auto-évaluation dans lequel il retrace son parcours et formule ses besoins. Nous nous assurons ainsi de l’adéquation de ses attentes avec les caractéristiques de la formation. Ce questionnaire d’autoévaluation est à solliciter et à retourner par mail (info@phonurgia.org) au minimum un mois avant le début de la formation.
Moyens pédagogiques
– Une équipe logistique présente notamment pour faciliter les prises de sons (lieu, matériel, contacts…) et la vie du stage (repas, déplacements, hébergement, questions pratiques)
– Une bibliothèque d’ouvrages sur le son, l’écoute, les arts du son et de la radio (env. 500 références) et une importante phonothèque d’étude.
Moyens techniques
Nous vous recommandons de vous munir de vos propres équipements (casque, micros, enregistreur, ordinateur) si vous en possédez. Vous conserverez ainsi vos repères personnels, et pourrez en approfondir la maîtrise. Nous mettons à disposition du matériel que vous pourrez tester. Stations de montage MacBookPro et PC équipées du logiciel Reaper. Surfaces de contrôle Icon Plateforme M. Ecoutes monitoring : Cabasse Goelette, Yamaha HS8 MP ou Génélec 8040. Enregistreurs : Zoom H5 et Sounddevice MixPre 3. Casques : Beyerdynamic DT 770 Pro. Microphones : Beyer 88, Rode NT3, NT4, NT5, Shure SM58, AudioTechnica AT 825, AT 40415, AT 8022, Sennheiser MD 21. Schoeps CCM41 et CCM8. Perches, bonnettes, Rycote.
Intervenant
© Valentin Uta
Créatrice son et ingénieure du son, formée à l’ENSATT, Sophie Berger mène de nombreux projets où elle s’immerge dans un territoire pour en restituer l’atmosphère de façon sensible. Avec ses micros, elle a traversé la France à pied (elle a reçu le prix d’art sonore « Découvertes Pierre Schaeffer » /Phonurgia Nova en 2014 avec Loire), s’est embarquée trois mois sur un porte-conteneurs ou encore sur le navire ravitailleur à destination des terres australes et antarctiques françaises, pour en ramener des pièces sonores très immersives. Ses créations sont diffusées en radio, notamment sur France Culture ou ARTE Radio et dans les festivals. Mais Sophie crée également pour les spectacles, les musées ou d’autres projets sonores sur mesure (websérie, carnet sonore et dessiné). Elle a assisté Kaye Mortley dans son légendaire Workshop documentaire, elle intervient régulièrement pour animer des ateliers à Arles depuis 2018. Pour la radio, elle a réalisé entre autres « Loire » (2013), « Cargo » (2015), « 49°00’Sud » (2018), « Rapa Nui » (2020).
Retour d'expériences
Informations
Dinard Toutes les sessions :
Durée : 5 jours (35h)
Effectif : 8 participants maximum
Etudiants : 450 euros
Salariés sans prise en charge : 700 euros
Formation continue : 1 750 euros
Financement OPCO (AFDAS,…) ou Pôle Emploi possible
Plus de renseignements sur ce stage
Par téléphone au 06 09 64 65 39
Par email : info@phonurgia.fr