France Culture a 60 ans – Phonurgia Nova
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France Culture a 60 ans

France Culture a 60 ans

Ce 8 décembre 2023, France Culture a eu 60 ans. Et invitait ses auditeurs (celles et ceux qui ont encore bonne mémoire) à dresser la liste des émissions de création (au sens large) qui les ont marqués. Il y en a donc pour tous les goûts. Dont quelques pépites à déguster (en ne faisant rien d’autre). Parmi une majorité d’oeuvres couronnées par des jurys –  celui du Prix Italia (jusqu’aux années 80 principalement) du Prix Europa – Media Competition for all over Europe (à partir des années 80), du Prix Ondas, du Longueur d’ondes, Festival de la radio et de l’écoute, ou par les Phonurgia Nova Awards  – on retrouve sans surprise quelques grands noms de la création radiophonique qui se sont illustrés durant les années pionnières de la chaîne culturelle : René Jentet, René Farabet, Yann Paranthoën, Claude Johner/Jeanine Antoine. Mais on est surpris (aurait-on mal lu ?) de ne trouver aucun titre de José Pivin, Kaye Mortley, Christian Rosset, Olivier Kaeppelin, Jean Couturier, qui ont pourtant tant offert à la chaîne. Aucune émission non plus d’Alain Veinstein dont la voix (ou plutôt l’écoute magnétique), a subitement déserté les ondes nocturnes laissant derrière elle un grand vide. De manière non moins surprenante encore, très peu de fictions radio, si l’on excepte un docu-fiction de Christophe Deleu auréolé d’un Phonurgia Nova Awards. Est-ce un parti-pris délibéré de les passer sous silence ? Un oubli des auditeurs ? Les fictions passeraient-elles sans laisser de traces  dans les mémoires ? Au milieu d’émissions bien faites mais pas toujours renversantes, on croise néanmoins quelques vraies perles radiophoniques  : la plus inattendue est ce hörspiel produit par la WDR de Cologne : “Hörtext 16” de l’artiste allemand Ferdinand Kriwet. C’est une référence majeure, un classique même, outre-Rhin. A la fois une ode au collage et un hommage à la radio comme “art du montage”, cousine du cinéma. Une symphonie de radios faite de milliers de fragments d’antenne finement noués en gerbes. Une matérialisation de la logosphère dont parlait Gaston Bachelard en 1954 dans “Poésie et radio” (“c’est par la radio qu’il faut faire du rêve éveillé”). Dans chaque opus de sa série, l’artiste allemand fondateur du concept de “Hörtext” (en allemand “texte à écouter”), brasse des centaines d’extraits audiovisuels à partir desquelles il façonne ses “pièces pour l’oreille”. Ce 16ème opus met ainsi en scène une radio mondiale fictive, composée de milliers de fragments d’antenne agglutinés, coagulés, samplés : spots publicitaires, morceaux de musique, autopromotion des stations, flashs d’actualité, contenus non identifiés… des sources extrêmement hétérogènes y sont assemblées en gerbes colorées. Si on ne peut qu’applaudir à l’apparition de ce classique du Hörspiel, sa présence au sein d’une “sélection d’œuvres iconiques de France Culture de 1963 à 2023” surprend. L’autre (heureuse) surprise est de trouver dans cette liste, les créations belges de l’ACSR. C’est une juste reconnaissance de la créativité radiophonique de cette “institution” mais le lien avec France Culture n’est là encore pas évident à trouver. Quelques auteurs indépendants, totalement étrangers à la chaîne, parviennent même à se hisser dans sa liste de ses références. Bravo à eux ! Happy birthday France Culture ! et vive la création radiophonique internationale !