nouvelles des résidences - au GMEM – Phonurgia Nova
27551
post-template-default,single,single-post,postid-27551,single-format-standard,post-nouvelles-residences-gmem,header_style_dark,phonurgia_side_playlist_active,ajax_fade,page_not_loaded,,qode-child-theme-ver-1.0.0,qode-theme-ver-12.0.1,qode-theme-bridge,wpb-js-composer js-comp-ver-5.4.2,vc_responsive
 

nouvelles des résidences – au GMEM

nouvelles des résidences – au GMEM

En 2021, dans le cadre des phonurgia nova awards, Juliette Hamon a obtenu une résidence de création au GMEM de Marseille pour y développer un podcast documentaire qui explore l’imaginaire et l’espace-temps de la nuit, la face nocturne de la langue. Retour avec elle sur ce projet en cours.

Quels ont été vos  premiers pas dans la radio ? et d’où est née l’envie de faire du documentaire sonore ?

C’est un long cheminement, c’est un projet qui remonte à loin. Etant kinésithérapeute de formation, j’avais sondé l’impact réel des problématiques sociétales lorsque j’étais l’oreille privilégiée des histoires toutes singulières qui se frayaient un chemin dans mon cabinet. Ces histoires quasiment anonymes, somatisées dans des corps abimés de tous horizons, ont amplifié mon engagement social. Dès cette époque, j’ai pensé que l’enregistrement  me permettrait d’aller plus loin que tout autre moyen, c’est donc vers la création sonore que je me suis tournée. Cherchant à me former à la création documentaire, j’ai choisi de m’orienter vers des études de sciences sociales en passant par une double licence de philosophie et de sociologie à la Sorbonne, puis par un master de recherche sur le genre à Paris 8. Parallèlement, j’ai cherché à acquérir des compétences radiophoniques en intégrant des organismes de créations sonores. Ainsi, pendant deux ans, j’ai officié en tant qu’accompagnatrice éditoriale pour « Un Podcast à Soi », une émission proposée par Charlotte Bienaimé pour ARTE Radio. J’ai aussi été stagiaire à France Culture dans l’émission d’analyse artistique « Par les temps qui courent » produite par Marie Richeux. Puis suis devenue collaboratrice régulière des émissions de France Culture. C’est alors que j’ai commencé à me former à la réalisation documentaire, au Field recording et au mixage à travers les stages Phonurgia Nova. J’y ai découvert les différentes techniques de prise de son, leurs différents formats de créations sonore, le bon usage des outils.

En même temps, ce passage par Phonurgia Nova a aiguisé ma sensibilité au sonore du réel, et m’a encouragé à pousser les expérimentations plus loin. Après un premier documentaire sonore nominé aux Phonurgia Nova Awards, c’est mon deuxième documentaire qui est choisi, cette fois, pour une résidence au GMEM de Marseille. Cette bourse qui a commencé en juin dernier me permet de poursuivre mon étude de la vie nocturne dans un nouveau projet qui mêle paroles d’insomniaques, théories sociologiques, évocations littéraires et symbolisme alternatif.

Quel est l’enjeu de “La nuit matérielle” ce nouveau projet exploré au GMEM ?

Dans ce projet, comme dans mon précédent documentaire, je cherche à m’ancrer dans un espace-temps (la nuit), pour en déplier tous ses aspects symboliques. En l’occurrence, je m’attache à rendre hommage aux modes de vie portés par des femmes, la nuit : le prendre soin, la minutie, le poétique, la lenteur et la contemplation. Mon séjour à Marseille m’a permis de travailler la structure de mon documentaire et d’ébaucher un premier montage. Quatre femmes incarnent quatre tableaux nocturnes. Ce sont des intimités tissées d’un fil sonore, brodées autour d’une pensée sociologique de la nuit. Mon projet est inspiré du livre “La vie matérielle” écrit par Marguerite Duras, dans lequel elle revalorise les liens qu’ont entretenu les femmes avec la vie quotidienne, le foyer, le soin des choses. Lors de cette résidence j’ai changé de regard sur le projet que j’avais initialement écrit. Après l’avoir complètement désassemblé, il m’a fallu penser un nouveau squelette, presque un nouveau scénario. Les prochaines étapes seront peut-être les mêmes, assemblages et désassemblages ? Le projet s’inscrit dans un temps long. La prochaine étape sera donc peut-être d’accepter, à un moment, de le figer !

photo © Félix Blume