nouvelles des résidences – Phonurgia Nova
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nouvelles des résidences

nouvelles des résidences

Chaque année, phonurgia nova octroie des résidences de création à des auteurs de l’audio s’exprimant dans le spectre du podcast ou de la création radiophonique. En 2021 Marie Polchlopek en a décroché une au studio ART ZOYD à Valenciennes pour y réaliser L’Autre Paris, un projet qui prend sa source dans sa découverte des transformations sonores radicales subies par nos paysages urbain pendant la pandémie. Retour avec elle sur ce projet.

A quoi travaillez vous chez Art Zoyd ?
Je travaille sur un triptyque sonore, avec l’objectif de mettre en scène des sons enregistrés lors du confinement de mars à juin 2020 dans le quartier Place des Fêtes à Paris ainsi que les voix des habitant.e.s de ce quartier. La création va suivre un fil chronologique : l’aube, l’après-midi, la nuit. Chaque partie s’attachant à révéler la poésie et la beauté de ces ambiances urbaines, modifiées par la soudaine mise entre parenthèse des activités humaines. Ma pièce tend à traduire ce moment suspendu, avec l’envie de saisir le genius loci d’un quartier au travers de sa nouvelle partition. Ce triptyque s’inscrit lui-même dans un plus vaste projet, ParisInouïe, débuté lors du confinement d’avril 2020 qui procédait d’une collecte ouverte à tous, de sons de Paris et de sa banlieue confinée.

Qu’est-ce-qui a motivé l’envie de solliciter une telle bourse ?

Deux choses : la diversité des approches sonores que Phonurgia propose, qui pouvait entrer en résonance avec mon projet,  et la possibilité de bénéficier d’un accueil dans de bonnes conditions matérielles. Un accueil qui me permettait d’envisager une diffusion spatialisée, une dimension immersive que je souhaitais introduire au plus tôt dans le processus de création.  Ma résidence à Valenciennes s’est organisée en deux temps. En juillet 2022, j’ai pu travailler avec Oudom, le réalisateur en informatique musicale du studio, sur le placement de sources sonores variées (des audios de chants d’oiseaux, de ventilations de toits, d’applaudissements et d’orages, mais aussi des interviews d’habitant.e.s du quartier, témoignant de leur expérience de confinement) dans un champ octophonique. Ce temps de studio m’a également permis de travailler sur les traitements sonores, la transformation de sons entre un réel effectif et un réel plus fantasmé. La prochaine étape pour moi, en mai 2023, consistera à finaliser les enregistrements de voix d’habitant.e.s du quartier de la Place des Fêtes. Débutera alors pour moi un travail d’écriture d’une partition globale, en quelque sorte « géolocalisée », s’appuyant sur la carte du quartier Place des Fêtes et du lieu de confinement des personnes interviewées.

A quand remonte votre attirance pour le son ?

Enfant, mes soeurs et moi jouions à inventer des spectacles et chantions à tue-tête. Adolescente, je chantais dans des groupes rock et organisais des concerts avec une bande d’amis. Ma première expérience forte avec le son fut au travers de rave-parties. Pour la première fois, j’entendais le son autrement, moins pour son aspect musical, que dans sa dimension  vibratoire. Dans ce type de contexte où la multiplication des haut-parleurs est de mise, la présence fréquentielle du son semble alors se matérialiser. Par la suite, étudiante, ma découverte du cinéma expérimental à l’université d’Amiens a stimulé ma curiosité pour l’art sonore, l’écoute et le son spatialisé. C’est à ce moment-là que j’ai pu pour la première foi manipuler du son. J’ai aussi rédigé un mémoire « Le son comme acte, comme phénomène, et ses pouvoirs suggestifs visuels ». Puis j’ai intégré la classe d’électroacoustique du conservatoire d’Amiens avec la volonté de travailler sur la dimension spatiale du son.

Dans quelles directions souhaitez vous poursuivre à présent ?

Poursuivre la composition d’espaces imaginaires à partir de fragments de réel, marqués par l’acte de prise de son et par la localisation du son dans un environnement. La prise de son, particulièrement en extérieur, suscite chez moi un continuel étonnement à propos de ce qui est en train d’advenir. Dans ce type d’écoute appareillée avec des micros, la perception des occurrences sonores alentour est subitement augmentée et nous prenons la mesure de l’incroyable diversité des phénomènes sonores qui nous entourent. Proposer ce type d’immersion dans l’écoute au travers de formes artistiques offre la possibilité d’activer une conscience de notre environnement le plus proche. Et, espérons-le, plus largement, de faire apparaître l’interrelation qui existe entre différentes espèces partageant un même terrain de vie.