Daniel Deshays au Dinard Podcast Festival – Phonurgia Nova
24269
post-template-default,single,single-post,postid-24269,single-format-standard,post-daniel-deshays-dinard-podcast-festival,header_style_dark,phonurgia_side_playlist_active,ajax_fade,page_not_loaded,,qode-child-theme-ver-1.0.0,qode-theme-ver-12.0.1,qode-theme-bridge,wpb-js-composer js-comp-ver-5.4.2,vc_responsive
 

Daniel Deshays au Dinard Podcast Festival

Daniel Deshays au Dinard Podcast Festival

Daniel Deshays est un preneur de son, essayiste, professeur et chercheur. Durant quatre ans, il a présidé le jury des Phonurgia Nova Awards et intervient régulièrement lors des diverses sessions de formation. Nous nous réjouissons de sa venue au Dinard Podcast Festival.

Pourriez-vous revenir sur les lignes saillantes de votre parcours ? Quels sont vos liens à Phonurgia Nova ? Quand s’est dessinée votre vocation pour le son ?

Ma particularité est d’avoir travaillé parallèlement pour l’enregistrement discographique, le son du cinéma et la conception et réalisation sonore au théâtre. Cette diversité m’a incité à regrouper des enseignants de ces différents domaines pour former les étudiants de l’ENSATT dont j’ai créé le département du son théâtral et dont j’ai eu la responsabilité entre 1993 et 2015. J’ai parallèlement conçu un enseignement du son pour les arts plastiques à l’ENSBA durant dix années. J’enseigne encore à la Fémis. Le croisement des réflexions sur ces pratiques m’a conduit à écrire des essais portant sur les écritures du sonore et l’interrogation de leurs différences. J’ai également beaucoup enseigné pour des formations professionnelles continues aux Ateliers Varan ou au GREC (Groupe de recherches et d’essais cinématographiques) puis donné de nombreuses conférences, comme pour Phonurgia Nova, voilà quelques années déjà. On ne sait jamais quand une passion trouve son origine. Est-ce à trois ans enfilant douloureusement un ressort dans une prise de courant, est-ce à sept en écoutant un poste à galène ? à douze en étant copain d’un radio-amateur ou en découvrant le cinéma dans un ciné-club ? Voire à treize en découvrant la musique de jazz contemporain ? La peinture du XXème siècle ou bien la poésie d’Henri Michaux ? C’est sans doute tout ça et bien d’autres choses encore qui m’ont conduit par ce chemin… Le sonore est le lieu de perception du vivant de l’altérité; quoi de plus beau que d’écouter les modalités de vie des vivants ?

Aujourd’hui, à l’époque du podcast et de l’écoute différée, y-a-t-il encore place pour le direct, la performance, la radio ?

Évidemment, la radio a toujours été un modèle ; le podcast natif pourra peut-être emmener un peu plus loin la diversité des formes d’écriture sonores ; du moins espérons-le. Peu à peu des regards émergent, en s’émancipant des formes et des formats. Le plus grand danger des podcasts actuellement c’est malgré tout leur conformisme. Là où l’on s’attendait à trouver un grand renouvellement de formes, d’écritures et d’esthétiques sonores, on est souvent frappé au contraire par la prudence des propositions. La créativité ne court pas les rues, même si ces dernières années nous avons pu décerner à quelques podcasts des “phonurgia nova awards” – ce qui laisse de l’espoir !

Cette première édition du festival, a lieu à sur les plages où Rohmer tourna Conte d’été… pour vous, les deux arts, fiction sonore et cinéma, partagent-ils les mêmes horizons ?

La fiction radio est souvent molle, le cinéma, depuis bien longtemps, pour quelques films, a su prendre quelques longueurs d’avance : c’est le dialogue entre sons et images qui facilite la multiplicité des formes en construisant des écarts entre eux deux. La fiction radio a bien du mal à trouver des modes de dialogue avec elle-même pour construire ces écarts dont elle aurait besoin. C’est dans ces écarts que la poésie peut apparaître.

Pourquoi peut-il être intéressant d’écouter des sons ” à la pelle” sur l’espace commun d’une plage, selon vous ?

Le festival est un événement au sens où l’intérêt pour le son s’y développe et que là cela se fait pour le meilleur plutôt que pour le pire. L’écoute collective est une bonne école de prise de conscience de l’écoute ; nous y écoutons à travers l’écoute de l’autre… Alors oui, à la pelle, dégageons les sons !

Phonurgia Nova et le Dinard Podcast Festival ont à cœur d’encourager la jeune génération. Que diriez- vous aux jeunes artistes, en cette année 2021 ?

Je ne sais pas ce qu’est être artiste du son mais en tous les cas, je leur dirai “allez-y à donf !” Rompez avec les règles, les procédures et avec le bon goût ! La pensée la plus osée que vous puissiez avoir n’est que tout petit début d’une éventuelle entrée en jeu.

Quelle est votre actualité sonore en cet été 2021?

La découverte in vivo du chant de l’engoulevent. Il chante comme un vélo-solex dit-on. On peut l’entendre en Bretagne jusqu’à la fin juillet.

Auriez-vous une recommandation d’écoute à partager? Pourquoi ce choix?

Écoutez et réécoutez tout ce qui vous est le plus insupportable à entendre ! Car à force, ça dégage les nœuds neuronaux…

Propos recueillis par Hélène Courtel.

Retrouvez Daniel Deshays en vidéo sur Youtube Phonurgia Nova : Daniel Deshays – Phonurgia Nova Awards 2018.