L’art des comédien.ne.s au micro
Benjamin Abitan
Une lecture peut de manière inattendue faire renaître un texte pour peu que celle ou celui qui en donne lecture, sache s’adresser au micro. En réalité, la radio innove à chaque fois que le micro réussit à déplacer le point d’attention de l’auditeur.
Avec le retour de la fiction sonore – qui n’était jamais vraiment partie – et le développement du podcast, le travail au micro occupe de plus en plus en place dans la vie des comédien.ne.s. Mais que la voix soit enregistrée en studio avec du matériel de pointe ou à la maison avec un simple téléphone, des questions fondamentales demeurent qui méritent d’être posées et reposées :
Qui parle à qui pour dire quoi ? Comment “parle-t-on” un texte écrit, et comment l’adresse-t-on à quelqu’un qui n’est pas là et dont on ne sait rien ? Qu’est-ce qui fait qu’on identifie immédiatement une voix de doublage, et en quoi les outils mobilisés pour la produire diffèrent-ils de ceux de la fiction sonore ?
Enfin, comment la voix permet-elle de manipuler l’espace et le temps pour faire de chaque poste de radio – ou ordinateur, ou téléphone – une machine à voyager ?
Autant de points de départ possibles pour conquérir dans le jeu au micro une liberté nouvelle, passant moins par l’acquisition d’une technicité que par le débrayage des automatismes. Car rien n’est joué d’avance, pas plus à la radio qu’ailleurs, et tout s’écrit au fil de l’instant.
Objectifs pédagogiques
1. Savoir jouer avec un micro : maîtriser l’élocution et le placement de la voix, trouver la bonne distance physique avec le micro, créer du mouvement.
2. Savoir restituer un texte, brochure en main, de manière orale et spontanée en s’affranchissant de la lecture.
3. Maîtriser la question de l’adresse, enjeu majeur, le terrain de jeu n’étant pas le plateau mais le studio.
4. Assimiler les techniques de projection dans l’imaginaire radiophonique.
5. Débrayer ses automatismes pour renforcer sa présence au micro, éviter la voix au point mort et le “langage cuit”
6. Travailler ses voix : mono ou stéréo, narration ou dialogues, “voix intérieures” ou scènes demandant un engagement corporel et une utilisation de l’espace, lecture ou improvisation, studio ou décors naturels, intérieur ou extérieur…
7. Analyser chaque enregistrement pour comprendre ce qui fonctionne ou pas
8. Au casque ou en cabine préciser son jeu en écoutant travailler les autres
9. Participer au travail de montage et d’édition pour comprendre la chaîne de production dans laquelle s’insère chaque prestation au micro.
Déroulé
Les journées sont structurées sur un schéma identique, elles commencent par un temps d’écoute : exemples, contre-exemples, classiques et chemins de traverse, mais aussi travaux de la veille (après une étape de montage sommaire). Ces temps d’écoute permettront au groupe de se forger des références communes et d’entretenir une conversation collective sur les grands et les petits aspects de la fiction sonore.
La pratique intensive du micro occupe le reste de la journée : devant le micro, seul.e ou à plusieurs, on enchaînera les exercices dirigés. Il s’agira pour chacun.e de déjouer ses facilités pour retrouver le goût de l’inouï… On veillera à maintenir une certaine équité dans le temps passé au micro, tout en rappelant qu’au casque ou en cabine on apprend aussi beaucoup à écouter travailler les autres. Un ingénieur du son est présent sur toute la durée du stage, prend en charge la prise de son et le montage des scènes au fur et à mesure et proposera un traitement sommaire des voix. Les participants sont invités à apporter les textes de leur choix ; ce n’est pas une obligation, des textes étant proposés par ailleurs.
Déroulé détaillé :
Séquence 1.
Présentation du stage, des intervenants et participants. Aspects techniques nécessaires aux interprètes pour enregistrer une fiction radiophonique. A travers un montage encyclopédique de voix au micro, découverte des techniques de jeu et de mise en voix nécessaires pour les fictions radio. Présentation des contraintes techniques et artistiques que la radio impose aux interprètes. Présentation de l’ingénieur du son.
Lecture des textes proposés.
Séquence 2.
Premiers passages au micro. Aspects techniques de l’enregistrement. Approche d’une variété de textes : textes historiques, discours, rapports sociologiques, articles de presse, textes d’auteurs, etc.. afin de provoquer et générer des questions, des propositions d’interprétation, des mises en situation les plus pertinentes possibles
Séquence 3.
Découverte et familiarisation avec différents types de micros et de dispositifs sonores
Approches des techniques de jeu au micro, placement de la voix, de la respiration et du rythme, travail de l’adresse de l’interprète.
Séquence 4.
Présentation et analyse des différentes techniques pour aborder la fiction (imaginaire) suivie d’une mise en pratique par des exercices et improvisations au micro en duo ou en trio. Devant le micro, seul.e ou à plusieurs, il s’agira pour chacun.e de déjouer ses facilités pour retrouver le goût de l’inouï… Aperçu sur les traitements de la voix (équalisation, filtrages, compression).
Séquence 5.
A partir de fragments de textes divers : la voix intérieure, le dialogue, la narration, le travail sur différents plans sonores, mais aussi la polyphonie et le travail choral. Travail des rythmes, des chevauchements, des variations d’énergie. Travail sur les espaces sonores proposés par le lieu. Enregistrements. Ecoutes, analyses et décryptages après chaque exercice.
Séquence 6.
Enregistrement des textes apportés par les participant.e.s. Travail d’interprétation au micro. Mise en pratique des intuitions et des connaissances acquises lors des précédents enregistrements. Re-distribution des textes. Exercices de lecture au micro en s’appuyant sur le travail réalisé lors des deux premières séquences : adresse, justesse, oralité. Ecoutes, analyses et décryptages après chaque exercice.
Séquence 7.
Evaluation. Mesure de la progression de chaque participant. Synthèse des recommandations. A la fin du stage, chaque participant.e pourra repartir avec un export finalisé d’au moins une partie de son travail enregistré.
Informations complémentaires
Public
Ce stage s’adresse aux comédien.nes, documentaristes, journalistes ou toutes personnes désireux(ses) de se former au jeu narratif ou dramatique dans les fictions sonores. Une sélection des candidat.es est faite sur dossier.
Pré-requis
Avoir une expérience professionnelle dans la fiction ou le documentaire à travers la scène, la radio ou le cinéma. Connaissance des fondamentaux de la lecture à voix haute (souffle, articulation…) acquise grâce à : une formation initiale de comédien ou de chanteur ou une/des expérience(s) du travail de la voix sur scène, en radio ou au micro.
Approche pédagogique
– Le formateur prend connaissance en amont des attentes et du parcours de chacun. La formation peut être ainsi plus précisément modulée dans le respect du contenu pédagogique annoncé.
– L’apprentissage par le « faire » est valorisé par la réalisation d’exercices d’applications répondant aux objectifs visés.
– La pédagogie repose sur une dynamique participative avec la valorisation des retours d’expérience des participants et la mise en exergue des meilleures pratiques.
Evaluation
Evaluation individualisée à l’entrée en formation et à l’issue de la formation, permettent de mesurer les compétences acquises et la progression réalisée par chaque participant au regard de ses objectifs personnels. Une attestation individuelle de fin de formation, rappelant les objectifs visés, est remise à chacun. Un questionnaire d’évaluation qualitative du stage est rempli par chaque participant une semaine après la formation et analysé par l’équipe pédagogique. Les indicateurs relevés permettent d’améliorer le stage.
Cette formation a un taux de satisfaction de 99% (taux de répondants 93% au 01/08/2024)
Admission en formation
Chaque candidat reçoit en amont un questionnaire d’auto-évaluation dans lequel il retrace son parcours et formule ses besoins. Nous nous assurons ainsi de l’adéquation de ses attentes avec les caractéristiques de la formation. Ce questionnaire d’autoévaluation est à solliciter et à retourner par mail (info@phonurgia.org) au minimum un mois avant le début de la formation.
Moyens pédagogiques
– Une équipe logistique présente notamment pour faciliter les prises de sons (lieu, matériel, contacts…) et la vie du stage (repas, déplacements, hébergement, questions pratiques)
– Une bibliothèque d’ouvrages sur le son, l’écoute, les arts du son et de la radio (env. 500 références) et une importante phonothèque d’étude.
Moyens techniques
Ecoutes Cabasse ou Genelec.
Panel d’enregistreurs : Zoom H4N ou H5, Sound device – Mix Pre 3 et Fostex FR2
Panel de microphones : Beyer 88, Shure SM58, Rode NT3, NT4, NT5, AudioTechnica AT 825, AT 8022, Sennheiser MD 21, Neumann KM184, Couple ORTF Superluxe.
Intervenant
Formé à l’Université Paris 8 et au Conservatoire national Supérieur d’Art Dramatique, Benjamin Abitan écrit et réalise des fictions radiophoniques pour France Culture, France Inter et ARTE Radio. Le reste du temps il écrit et met en scène des spectacles originaux avec sa compagnie, le Théâtre de la Démesure (Le Grand trou, Les animaux sont partout…). Il a reçu en 2016 le prix Nouveau Talent radio décerné par la SACD, et sa série La Préhistoire du Futur a été récompensée plusieurs fois (Prix Europa 2017, prix Longueur d’Ondes de la fiction d’humour 2018).
Thomas Guillaud Bataille lui a consacré en 2019 un grand entretien pour l’Audioblog d’ARTE Radio
Retour d'expériences
Informations
Paris Toutes les sessions :
Dinard Toutes les sessions :
Durée : 5 jours (35h)
Effectif : 7 participants maximum
Formation continue : 1 750 euros
Financement OPCO (AFDAS,…) ou Pôle Emploi possible
Plus de renseignements sur ce stage
Par téléphone au 06 09 64 65 39
Par email : info@phonurgia.fr