Nouveau stage pour comédien.ne.s par Laure Egoroff
Avec le retour de la fiction sonore à la radio, l’essor des livres-lus et du podcast, le travail au micro occupe une place de plus en plus grande dans la vie des comédien.ne.s. Mais que la voix soit enregistrée en studio avec du matériel de pointe ou à la maison avec un simple téléphone, des questions fondamentales demeurent qui méritent qu’on s’y attarde : Qui parle à qui pour lui dire quoi ? Comment “oralise-t-on” un texte écrit. Comment l’adresse-t-on à cet auditeur qui n’est pas là et dont on ne sait rien ? Comment sortir des clichés des voix de doublage ou des habitudes du théâtre ? Et plus fondamentalement : comment manipuler l’espace et le temps pour faire de chaque récepteur radio, ordinateur, téléphone, ou casque – une machine à voyager ?
« L’école de la radio est une école de sincérité ».
En rompant le synchronisme de l’image et du son, la radio modifie la perception de la parole que d’ordinaire, au cinéma, on n’entend pas. Son dispositif renverse les rapports : les cris portent moins loin que les chuchotements. Elle fait entendre la prosodie de celui qui parle. Ce n’est plus seulement le mot prononcé mais la façon dont il est donné qui compte et raconte. Au micro, la parole acquiert poids, forme et couleur. Un constat que formulait déjà Jacques Copeau à la naissance du Studio d’essai de Pierre Schaeffer : « On croit que la voix de celui qui parle au micro est désincarnée. Au contraire, elle trahit l’être avec une fidélité extrême. Elle le traduit même avec indiscrétion » (…) « La voix qui n’a rien dans le cœur ni dans la tête ne peut guère toucher au micro ».
Réalisatrice à France Culture, Laure Egoroff a suivi une formation littéraire et théâtrale avant de devenir réalisatrice de fictions radiophoniques à Radio France en 2010. Depuis, elle réalise et adapte des textes de genres et de formats variés essentiellement pour France Culture. Parmi ses dernières réalisations on trouve J’irai chercher Kafka de Léa Veinstein, J’ai tout appris de la nuit de Anne Sibran, La Reine Margot adapté de Dumas par Sylvie Granotier, les concerts-fictions Les Voyages de Gulliver et La Reine des neiges tout deux signés Pierre Senges, avec l’Orchestre Philarmonique de Radio France.
En dehors de Radio France, elle collabore avec Making Waves, notamment pour la série L’Afrique en contes. En 2023, elle réalise le podcast jeunesse Clara et les sortilèges produit par Narrative et l’Opéra Comique, participe à la performance Sweat, Glitter and Moolah mise en scène par Jonathan Drillet et Marlène Saldana. Elle réalise des épisodes de La Chute de Lapinville fiction quotidienne d’Arte Radio écrite par Benjamin Abitan, Laura Fredducci et Wladimir Anselme.
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photo © Christophe Abramowicz (Radio France)
