Do you pitch ?
« Quand j’écris je suis toujours en rapport au réel du présent, le scénario est une forme de passé une fois couché sur une feuille. Le cinéma, c’est le live. Le propos est modifié à chaque instant. Avec le producteur, on est là, à lire à chaque virgule près… alors que tout dépend de l’incarnation. Ce qui est beau au cinéma, c’est qu’il est imprévisible. Il y a un risque. Faire un film, c’est être capitaine de navire : on tient la barre mais on n’est pas certain de la météo. Donc il faut être très sûr, avoir tous les outils de connaissance. Connaissance technique et humaine. » Ce que Laetitia Masson dit du cinéma vaut tout autant de la radio, rien de nouveau et pourtant les producteurs de cinéma, les financeurs du cinéma, comme de plus en plus les (rares) financeurs de la création radiophonique ou du podcast exigent des pitches, des scénarios détaillés à la virgule près, des dossiers à n’en plus finir. Yann Paranthoën aurait-il produit la moindre émission s’il avait dû pitcher ou rédiger le moindre dossier avant d’enregistrer ? Ce débat dure depuis la Nouvelle Vague et pourtant, à voir comment opère le CNC – Centre national du cinéma et de l’image animée ou la commission mort-née d’aide sélective aux projets de création audio, podcast et radio mise en place par le Ministère de la Culture (au taux d’échec retentissant) on n’en a guère tiré les leçons.
A Phonurgia Nova nous n’enseignerons jamais le pitch ni le dossier. Nos accompagnements des auteur.ice.s en résidence ou en stage « construire une narration » (Antoine Richard, Marc-Antoine Granier, Benoit Bories, Jeanne Debarsy) consistent à chercher avec elles.eux la juste incarnation sonore des projets qu’ils et elles portent et nous apportent, à dessiner le chemin sonore de leur désir de narration – et non à chiader des dossiers..). Ceux qui veulent exceller dans l’art du dossier pourront frapper à d’autres portes. Pitch, to pitch, lancer…
Au golf, pitch : “balle restant sur place après l’impact”.
