La fiction sonore boutée hors des ondes ? – Phonurgia Nova
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La fiction sonore boutée hors des ondes ?

La fiction sonore boutée hors des ondes ?

La fiction sonore, un des trésors de la radio est à nouveau menacé de disparition des programmes de la radio publique, par une approche strictement comptable et une incompréhension fondamentale de ce qui fait la spécificité du service public : un accès gratuit, pour tous, depuis la Libération, à la création la plus contemporaine, qu’elle soit d’essence dramatique, documentaire où qu’elle procède d’écritures narratives hybrides nées de la rencontre des sons du réel et du talent des preneurs de sons, monteurs, réalisateurs et mixeurs. Une tradition dont les bases ont été posées par Pierre Schaeffer et Jacques Copeau dès 1942, poursuivies par leurs successeurs, le poète et écrivain Jean Tardieu et le réalisateur Alain Trutat, ainsi que par une myriade d’auteurs et d’autrices de talent – comme le rappelle  (en ce moment-même ! et jusqu’au 31 octobre) l’exposition/rétrospective Galaxie Pierre Schaeffer que Radio France consacre, dans sa grande Nef, à la trajectoire du pionnier de la radio de création et poète des sons – dont l’itinéraire lumineux se confond avec celui d’un service public inspiré, inspirant, offensif et fier de ses missions culturelles et éducatives. 

Comment interpréter ce « en-même temps » dissonant, strident ? D’un côté la direction de la maison ronde célèbre l’art de la radio à travers l’un de ses pères fondateurs ; de l’autre elle en trahit l’histoire prestigieuse et l’esprit, au prétexte de la recherche d’une rentabilité financière et de la reconquête d’une audience chez les jeunes.. Faut-il que tout ce qui est par essence invisible soit frappé d’obsolescence ? Que les formes subtiles de radio soient sacrifiées à la quête désespérée de “visibilité” ? Une quête au demeurant maladroitement portée par des responsables de la radio qui viennent de la télévision et semble ne pas considérer la spécificité du media radio ni en connaître spécialement l’histoire radicalement distincte ? A l’heure où à peu près tout le monde s’accorde à contester l’omniprésence des écrans dans nos vies d’adultes (et la nécessité d’en éloigner les enfants) pour laisser place à une autre forme d’imaginaire et de relation au monde, privilégiant l’attention à autrui et au réel, pourquoi tourner le dos à la création radio ? Peut-on imaginer décision plus anachronique ? Outre-Manche et outre-Rhin, la BBC et les nombreuses radios publiques allemandes, WDR, NDR, SWR, Deutschlandradiokultur Berlin font des choix exactement inverses, investissant dans des fictions de qualité.
Un collectif d’auteurs, artistes-interprètes, réalisateurs et créateurs sonores dénonce la disparition des programmes de fiction au sein de Radio France dans une tribune à lire dans Libération. Il demande un engagement concret de production conforme aux missions du service public définies depuis longtemps et dont il n’y a pas lieu de se détourner, ni de les contourner. 
 
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