Penser les constructions sonores avec Daniel Deshays – Phonurgia Nova
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Penser les constructions sonores avec Daniel Deshays

Penser les constructions sonores avec Daniel Deshays

Nous entamons la publication fragmentaire du séminaire “Penser les constructions sonores” que Daniel Deshays a donné, en juin dernier, au Musée Réattu Arles. Fragment # 1 : “Le son comme relation”.
Dans ce séminaire, Daniel Deshays développe une vaste réflexion sur la mise en scène du son en soulignant ses qualités visuelles, architecturales et plastiques. Son propos se tient du côté du sensible, interroge les modalités de confection des représentations et de fabrication des oeuvres, principalement radiophoniques et cinématographies : qu’est-ce que représenter avec le sonore ? Il s’intéresse aux matières sonores au-delà des simples dialogues ou de la musique pour tenter de mettre en lumière le potentiel dramatique et discursif du matériau. Objet de création fréquemment subordonné à la toute puissance de l’image, le son est donc ici considéré pour lui-même, dans son autonomie : il s’agit de repenser sa place trop souvent uniformisée par l’industrie cinématographique. L’approche critique qu’il développe ici se nourrit de son expérience acquise lors des confections sonores d’une grande diversité. Elle se déploie depuis cet axe de création et non depuis la simple analyse des objets achevés.

Fragment # 1 : Le son comme relation. (visionner)

” D’ordinaire, le son est considéré relativement à l’objet dont il provient : c’est un bruit de porte, de marteau ou de pas. Nos sonothèques (bibliothèques de bruits) sont répertoriées sous des noms d’objets. Si chaque son porte en lui un geste, un mouvement qui l’a initié, peu d’indications définissent pourtant sa qualité. Or c’est la nature du geste qui définit le son, c’est elle qui est signifiante : douceur, maladresse, violence, hâte, hésitation, etc. Parler de « causalité » ne définit pas ou trop peu ce mouvement transmis à l’objet : « bruit de chaise » dit seulement qu’une chaise a produit un bruit. Ce qui définit sonorement l’objet chaise est la « nature » du geste qui l’a induit. Cette « nature » est ici liée à la relation qui transparait derrière ce geste. Une relation entre des personnes est en jeu dans ce mouvement. .”

Réalisateur sonore de nombreuses œuvres théâtrales, cinématographiques et discographiques, Daniel Deshays est l’un des principaux théoriciens des territoires du sonore au cinéma. Il a réalisé la bande son de nombreuses créations théâtrales entre 1974 et 2015 dont celles d’Alain Françon. Depuis 1988, il développe une recherche pédagogique à l’attention des professionnels du son et des élèves des écoles d’art. Il a fondé l’enseignement du son à l’École Nationale des Beaux-Arts (Paris) et il y a initié les étudiants à une recherche sur la plasticité du sonore durant 10 années. De 1992 à 2015, il a coordonné le département du son à l’ENSATT (Lyon). Il a régulièrement travaillé pour le cinéma pour lequel il a enregistré notamment les musiques du cinéaste Philippe Garrel. Il a également collaboré aux films de Chantal Akerman (Les Années 80, Histoires d’Amérique), Robert Kramer (Notre nazi, Route One/USA), Robert Bober (L’Ombre portée, En remontant la rue Vilin), Ariane Mnouchkine, Rithy Panh, Gabriel Auer, Jean-Michel Carré, Richard Copans, Xavier Beauvois, Coline Serreau, Paul Vecchiali, etc.

En musique, il a réalisé la production et la prise de son de plus de deux cent cinquante disques (musique contemporaine, classique, chansons, ethnique, jazz et musiques expérimentales).

Il est l’auteur de nombreux ouvrages de référence sur le son au cinéma, au théâtre, dans les arts plastiques et à la radio, dont Pour une écriture du son (2006) et Entendre le cinéma (2010) parus aux éditions Klincksieck. Lesqquels sont suivis en 2018 par Sous l’avidité de mon oreille et en 2023 d’un livre-somme  Libertés d’écoute : le son véhicule de la relation. Publié par les éditions MF, cet ouvrage livre au lecteur les arcanes de ce dont il n’a que très peu conscience dans ses relations quotidiennes avec le sonore du monde.